jeudi 25 octobre 2012

À TAHITI, LE PROGRÈS



            Un journaliste de passage demandait :

        - "Vous qui revenez dans ce pays après une                longue absence, que trouvez-vous de changé ?"

        - " Au point de vue économique, tout a changé ... Voyez-vous, il y a vingt-cinq ans, dans n'importe quel petit restaurant au bord de la mer, on vous présentait un buffet digne de Gargantua : Libre-service ... Hors d'oeuvres à volonté, cochon de lait rôti tout entier, thons énormes cuits au four polynésien ... Les légumes et les bananes sortaient également du four, enveloppés de feuilles. Il y avait des fruits à satiété : Mangues, ananas, pommes-cythère à la saison ... On buvait l'eau des noix de coco ou bien celle de la fontaine ...

      - Alors ... Ce qui a changé ... Tenez, hier c'était Noël. Nous sommes allés souper dans une "Auberge", à Punauïa ... À  table, on était servi. Il y avait des bougies qui brûlaient dans des photophores rouges. Il y avait quatre serveurs au moins. Il y avait une fille qui prenait bien garde à montrer ses jambes ... Superbes au demeurant !



                                    

       Le patron est venu nous saluer à la sortie. Il portait une blouse blanche avec son nom brodé en rouge sur la poitrine. Il est membre de la "Confrérie des Maîtres-Cuisiniers".

       Je m'étais ennuyé. On nous avait servi avec force grâces un Bordeaux madérisé. Nous avions eu droit à une lichette de foie gras mi-cuit, à vingt grammes de saumon accompagnés d'un petit goujon en pâte feuilletée et d'un petit truc aux groseilles ... Gros comme l'ongle de mon pouce ! On nous avait apporté deux rondelles d' "échine de biche" sur canapés ... Quinze grammes en tout ... Mais la cuillerée de sauce était délicieuse !

       Je crois que le maître d'hôtel n'a pas très bien compris, lorsque je lui ai dit :

            - " Tout ce que vous nous avez fait goûter était délicieux : Vous pouvez commencer à servir." 

        Accompagnant la venaison, il y avait deux cuillerées de pommes de terre ... Venait ensuite le chariot de fromages ... Mais c'était le maître d'hôtel qui servait !  ... Bavaroise rosée ... "Café des îles", accompagné de ses mignardises" ... Un chocolat gros comme la moitié d'une cerise et un petit bout d'écorce d'orange confite. 

       -" Au revoir, Messieurs-Dames ... J'espère que le dîner vous a plu ... "

       - " Mais je suis confus : Vous auriez dû me dire que le vin n'était pas parfait ... "

                               *

     Allons ... C'était Noël ... Nous avons assuré que nous étions malgré tout très satisfaits ... 

                               *

 Eh bien, voyez-vous ... Au point de vue économique, ce pays a beaucoup changé : Si vous saviez combien j'ai payé !


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