jeudi 15 novembre 2012

L'HÔTELLERIE À BORA-BORA






      À Bora-Bora, on n'a pas encore clôturé la mer : On peut la voir de partout,en faisant le tour de l'île.  C'est bien cela, le charme d'une île ?

     Au centre s'élève le mont "Te-Manu", (L'oiseau)  ... Mais faut-il dire que c'est mont, un pic ? - C'est un bloc de basalte poussé vers le ciel par le puissances internes .... Un roc, d'une seule pièce ... Comme un énorme doigt dressé. Il se sera solidifié là. Il est magnifique. Des oiseaux blancs, du bas en haut de la falaise, jouent au cerf-volant dans les courants d'air.



     Bora-Bora, c'est d'abord un lagon pourtant ... Un lagon qui pourrait bien ne pas avoir son pareil au monde, enserré par des îlots verts égrenés en collier ou en chaîne tout au long du récif. le bleu du large vire au violet, puis au mauve, vers l'horizon. Ligne grise du récif, et les vagues la frangent de blanc. Taches vertes des "motu" puis, à l'intérieur du lagon, toutes nuances de bleus et de verts ... Avec des taches versicolores, là où le corail affleure. 
    Souvent, un grand bateau blanc vient mouiller dans la passe : Taches rouges des bouées. 

                                        *

     Quel imbécile a voulu tirer deux vieux caboteurs au sec pour en faire des bistrots ? ... Y sont-ils encore ? Longtemps on les a laissés là, à moitié immergés ... L'un a le nez, l'autre a le derrière en l'air ...

     Il n'y a pas eu ici de Pearl Harbourg, pourtant, on rencontre ici des affûts de canons : Ils rappellent que l'armée américaine était stationnée là pendant la dernière guerre ... Mais la bataille demeura lointaine.

                                           

     Bora-Bora est maintenant la destination préférée des touristes américains et japonais, belligérants de naguère ... Mais, dans l'île, il n'y qu'une seule plage de sable blanc. 

     Bien entendu, c'est là que les hôtels ont poussé. Ils on semé, jusque dans les eaux du lagon, leurs bungalows sur pilotis : Cloisons de bambous et toits de palmes : Exotisme garanti ... Au centre du plancher, dans le salon, une vitre permet d'admirer les poissons qui passent ... 

    C'est cher, très cher ... Mais c'est bien ce qu'on voulu, n'est-ce pas ?
     Alors voilà : Sur cette unique plage de sable blanc, les natifs avaient l'ancestrale habitude de venir batifoler ... Pique-niques du dimanche, avec nattes déroulées, pâté en boite, glacières, coca-cola, bière et musique ... Autrefois, c'était plutôt le "Uru" et le poisson grillé, des fruits, du "poë".

                                           

     Il est devenu impossible de pique-niquer sur la plage, tout à fait impossible ... Trop de bungalows et trop de touristes ! ... En veux-tu ? - En voilà !

     Le natif a pris sa pirogue ... Il est allé pique-niquer plus loin : Sur les "motu", tous frangés de sable blanc ... Mais on n'arrête pas le tourisme ! ... Passerelles jetées d'un bungalow à l'autre ... Jusqu'à quatre cents mètres au-delà de la plage : Les touristes aussi, sont allés sur les îlots ! Et c'est bien là que se trouve la source du conflit ... Celui qu'on aurait pu prévoir ...

     Impossible de pique-niquer sur la plage et impossible de pique-niquer sur les "motu"...

    - " Eh ! Sommes-nous encore chez nous ?"

     Les filles, tout au long de la semaine, transportent d'une passerelle à l'autre des plateaux de boisons fraîches ... Mais le dimanche, il leur arrive de partager la colère de leur "tane" :     

          -"Sommes-nous encore chez nous ?"

mercredi 14 novembre 2012

DES LOUPS ?




    Un ... Deux ... trois ... Nous irons au bois ...

  Un parc, au Tahara : celui de l'hôtel Hyatt-Regency. 

   Panorama splendide sur la mer, les plages, la ville tout en contrebas ... Peu de promenades aussi belles ... Arbres majestueux, pelouses drues, haies fleuries d'hibiscus.

           - " ENTRÉE CINQ CENTS FRANCS "

   Mais le gardien est débonnaire : Prom'nons-nous dans les bois ...

    Il vaut mieux chanter cette rengaine-là ... Parce que l'autre ... "Les Cerises" !

     Vous me direz que les loups ...

     Justement ... Les loups !


                                

  Hall majestueux ... Gigantesque Tiki ... Marchandes de pacotille ... Publicités des "Tours operators" ... 

    Le Hyatt-Regency est un hôtel de grand luxe : Coursives interminables ... Bars en terrasses ... Boutiques : Perles, bijoux ... Toits de feuilles tressées ... Ascenseurs : Les chambres dévalent jusqu'au ras des flots !

                                *

    Dimanche ... Dix sept heures ... deux Américains à chapeaux ... Une vieille qui pousse son vieux dans un fauteuil roulant ...

   Deux ou trois couples de Japonais tout propres ...
   Au bar, une vahine lente et silencieuse ...

  Japonais et américains ont glissé sans bruit ...


 Fauteuils en rotin ... Thé ... porcelaine bleue ... Petits pots ... eau chaude ... sachets de mousseline et leur ficelle qui pend sur le côté ... petits gâteaux au beurre.


                                   

  - " Loup y es-tu ? ... M'entends-tu ?"

  Justement : d'où sort-il, celui-là ? 

  Gendarme avec son képi ? ... Pistolets dans leurs étuis ... Parka ... pantalon noir, noir ... C'est comme à la Télé ! ... G.I.G.N. ! ... Gendarmes mobiles ...

   Un peloton de véhicules est caché derrière les buissons ... 

         - " Ils arrivent par l'ascenseur !"


  Prise d'otages ?  Attentat ? ... Rainbow-Warrior ? 

  On imagine un commando : Sous-marin au ras des sables ... Ils sont équipés de postes de radio portatifs ... 

  Mais enfin ! Que se passe-t-il ? ... Il y en a combien ? ... Logeraient-ils dans l'hôtel ?

 Des loups, vous dis-je ! 


                                  

  Mais tu sais bien : Les gardiens de prison sont en grève ... On aura fait venir ceux-là pour parer à toute éventualité ...

 Il n'y aura pas de drame. Ils repartiront sans que personne ne parle d'eux : Ils ont glissé ... Mais je n'ai pas rêvé ... Et c'est cela aussi, Tahiti !

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DELTAPLANE







   Un mousqueton ... Ce n'est rien ... Ou pas grand'chose : 

                  Un petit crochet en acier inoxydable ...

                                   
      Il a couru ... ses ailes bariolées étaient déployées. Il s'est élancé dans le bleu du ciel, face au bleu des flots ... 


      Il a pris son vol ... On l'a acclamé. 

      Il avait oublié d'accrocher le mousqueton qui devait retenir le harnais ...

       Il a tourbillonné ... Il a lâché.

                                   
       Il gît quatre cent mètres plus bas, le corps disloqué sur les goyaviers.

        Il gît ... L'homme-oiseau. 

      Ce n'était pourtant rien : Un mousqueton ... rien qu'un petit crochet en acier inoxydable ...

lundi 12 novembre 2012

INSCRIPTIONS ET BELLES LETTRES





               Bob en rit encore, je pense ... C'est la meilleure affaire de sa vie !

            Il avait acheté, pour une livre australienne, de moitié avec un compère français ... Un îlot du Pacifique, portant le nom de Mattew, (prononcez Mattew, comme il se doit !). 

            C'était la meilleure affaire de sa vie parce que, depuis, le volcan ayant explosé, la superficie de l'îlot avait doublé.

             Au pied de ce volcan, il y a une plaque scellée au rocher : Plaque de cuivre gravée ... De temps à autre, la France détourne par là quelque navire pour confirmer son titre de souveraineté. Sans doute, alors, sonne le clairon ...



                                 


        À l'autre bout du même océan se trouve un mince anneau de corail inhabité ... Clipperton fut longtemps, et on ne sait pourquoi, disputé entre le Mexique et la France. En mille neuf cent trente cinq il fut attribué à la France par arbitrage ... Du Roi d'Italie !

         Sur Clipperton aussi, on a scellé une plaque. Là aussi, sans doute, le clairon sonne de temps à autre, effrayant les sternes et les fous ...

                                    *

       L'histoire nous apprend ce que valent ces plaques gravées et combien le temps en arrache ...

       Il me paraît que plus le titre est contestable, plus grand est le désir de l'attester !

                                   *

   À Tahiti, on en trouve partout, des plaques gravées ... Histoire de faire ressortir les liens que l'on a voulu nouer et que le temps dénouera probablement un jour ou l'autre ... Là comme ailleurs !

    Rien que sur le quai de Papeete, on trouve un monument à la gloire de la France Libre ... On rencontre ensuite une plaque reproduisant le texte de la citation à l'ordre de la Nation des "Poilus tahitiens". On trouve aussi une plaque évoquant la citation des "Combattants Tahitiens de la Seconde Guerre Mondiale" .... J'allais oublier le buste de Monsieur de Bougainville, trônant entre deux canons ...Il y a encore une autre plaque scellées par les Chinois pour rappeler l'arrivée à Tahiti de leurs ancêtres ....

    Manière encore de rappeler "ses droits" ... Le Monument aux Morts de la Guerre de quatorze n'est pas très éloigné, couvert de noms tahitiens ...

    Dérision ?  ... Une plaque apposée près d'un bistrot rappelle que "Jo Dassin, célèbre chanteur français est mort à l'étage au-dessus ...



                             

      À la Pointe Vénus, au bord de la plage, il me souvient qu'on avait gravé sur de gros troncs d'arbres les noms des "Grands Navigateurs" européens .... Je n'ai pas retrouvé ce troncs ... Peut-être ai-je mal cherché ? ... Mais, tout aussi bien, un cyclone les aura emportés ? 

     Prophétie ? - Sur le monument commémorant le passage du capitaine Cook, la plaque gravée a disparu ...

     Les plaques gravées se fendent, s'arrachent, disparaissent ... Les grands hommes passent et puis trébuchent .... Les drapeaux changent tout en haut des mâts ... Les clairons se taisent ... C'est toujours le temps qui finit par avoir raison : Le temps ... Le vent ... l'Océan !

dimanche 11 novembre 2012

LES BATEAUX






         En mille neuf cent quatre vingt cinq, si mes souvenirs sont bons, une pirogue double baptisée Hokulea , franchissait, venant de Tahiti, la passe de Raïatea. Elle repartait vers les îles Cook, puis vers la Nouvelle-Zélande ... Qu'elle atteignit en bon état.

        Il est regrettable qu'après son retour, on l'ait laissée pourrir à côté du Musée ...





                                  

        -" Entrer dans l'avenir à reculons !"

        Une seconde pirogue double est actuellement en construction sous un hangar, taillée dans le bois de cèdre de la Californie. Ses bordés sont cousus à la manière d'autrefois ... Les capitaux engagés sont américains ... 

       On prie pour que ne lui donne pas pour nom "Coca-Cola" ... Mais qu'aurions-nous à redire, nous qui baptisons nos bateaux "Paul Ricard" ou "Fujicolor" !

       Les Polynésiens commémorent leurs ancêtres, "arrivant aux îles avec leurs dieux, leur langage et leurs cochons "... Pourquoi leurs parrains ne seraient-ils pas "Bagages Superior" ou "Fleury-Michon" ? 

                               *

        On sait que les pirogues polynésiennes allèrent jusqu'aux glaces de la Terre de Feu et, d'un autre côté, jusqu'à Madagascar !


        Mais cela ne me dit toujours pas si les Polynésiens ont peuplé l'Amérique ... Eh ! Pourquoi pas ? - Il y a des arguments en faveur de la thèse ...

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À BOIRE !



   Il y a des enfants heureux ...
   Il y a des enfants déshérités ...
   Il y a des enfants gâtés ... Ils vivent dans les îles et Ils ont décidé une fois pour toutes qu'ils étaient au Paradis. 

                                  *

    Les enfants gâtés, ça boude, ça fait la moue, ça tape du pied.

                                  *

    J'ai vu, en certains endroits de ce vaste onde, transporter l'eau dans des cruches sur la hanche ou sur la tête, dans des bambous sur l'épaule ... Dans des bidons aux extrémités des fléaux ... Dans des peaux de biques portées en bandoulière. 

   Et puis j'ai vu espérer, espérer longuement, espérer la pluie ...

                                    *

    En Polynésie, les îles hautes ont de l'eau. Encore faut-il la capter et l'acheminer ... Ce n'est pas toujours facile à travers roches et vallons. Mais l'eau a toujours été considérée comme un don des dieux .... À ce titre, inépuisable et gratuite. Elle est devenue banale et donc sans valeur ...

                                    *

    Dans ma mémoire, le Tahitien a toujours été un homme avec un tuyau à la main : Soit il arrose le béton quand il fait chaud, soit il inonde ses fougères le soir venu, pendant des heures ...

                                     *

    Il lui faut bien, aujourd'hui, reconsidérer les choses : Le Paradis n'est plus ce qu'il était ! ... Captages, réservoirs, conduites ... Compteurs !


                                    

   Bora-Bora n'est pas d'accord : Le Paradis, c'est gratuit ! ... Et c'est gratuit pour l'Éternité !

   Aujourd'hui, les gendarmes sont obligés d'accompagner les agents chargés de fermer les compteurs des mauvais payeurs !

    Mauvais payeurs ? - Pas payeurs du tout ! ... On ne veut plus payer !
Et ... Puisque la Société des Eaux veut nous faire payer ... Nous allons la faire payer !

   Plainte est déposée : - " Elle a fait passer les conduites à travers nos haies !"
... On vous les disait : Les enfants gâtés tapent du pied !

     C'est égal ... On en connaît qui voudraient bien payer pour voir couler l'eau des tuyaux ! ... Parlez-en aux paumotu !

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vendredi 9 novembre 2012

MIGRATIONS ET LONGUES ERRANCES



         Ils venaient du Pérou, portés par les alisés dominants ... Ou bien ils arrivaient des rives asiatiques ... Ils intriguaient, les Polynésiens.

    D'autant que l'on savait que, pour leurs longues navigations, ils ne possédaient que des pirogues ... Mais quelles pirogues !

     Le Capitaine Cook eut le bonheur de voir les dernières : L'une d'entre elles mesurait quarante mètres ... Pirogue double, portant cent quarante quatre pagayeurs et trente neuf guerriers !




                                   

      Depuis Wallis, tous les Européens ont considéré le peuplement de l'Océanie comme un mystère ... Nous savons maintenant qu'il partit des environs de l'Insulinde. Les migrations ont ricoché au fil du temps, d'île en île, en longeant les côtes de Nouvelle-Guinée, le Nord du Vanuatu, occupant les archipels Gilbert et Ellice, gagnait Raïatea, aux Îles sous le Vent au deuxième siècle avant Jésus-Christ. Elles ont ensuite peuplé les Marquises puis sont reparties, au septième siècle vers Hawai et la Nouvelle-Zélande, (Sans compas ... Et cette seule idée peut laisser pantois !) 

        Les Maoris atteignent l'Île de Pâques au douzième siècle ... À plus de dix mille kilomètres de leur lieu d'origine ...

                                   

           Les vaisseaux européens, à la même époque, auraient été bien incapables d'en faire autant ...

           Thor Heyerdahl a voulu démontrer que les Polynésiens venaient de l'est ... Éric de Bishop prétendait prouver qu'ils venaient de l'Ouest ... Des pages et des pages ... En un peu plus de deux cents ans ont été noircies d'hypothèses, de supputation, d'affirmation contradictoires ... Jusqu'aux fantasmes les plus extraordinaires, évoquant des migrations de tribus venues d'Égypte, (pas moins !) ou des continents engloutis (Et l'on reparlait d'Atlantides !)  ...

      Les fantasmes aident à vivre ... Il est vrai que, d'aventure, certain par merveille, prennent corps !



                                  

       Parlant des Polynésiens et de leurs difficultés actuelles à prendre pied dans le modernisme, certains parlent de races en voie de dissolution , et même de races "avilies" ... Il faudrait regarder de plus près au concept de race, tant en ce qui concerne les recouvrements successifs, qu'en ce qui concerne l'état actuel des peuples des îles.

     "Ces peuples entrent dans l'avenir à reculons" 
- Il est vrai que l'on voit renaître, telle celle du tatouage, des pratiques disparues ... Mais, par delà le cordon de bouteilles vides formant récif, il faut voir ici recherche d'identité et de fierté ... Il n'importe, que l'aventurier porte de nos jours patronyme européen, qu'il ait la prunelle et la peau plus ou moins claires ...


                                  


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